Comment lutter contre la zeuzère ?

La zeuzère

De l’ordre des lépidoptères, c’est-à-dire des papillons, la zeuzère fait partie de la famille des Cossidae qui compte différents insectes xylophages, parmi lesquels le cossus gâte-bois, un nom fort bien porté. Vous n’aurez guère l’occasion de voir des zeuzères adultes dans votre jardin, d’abord parce que ce sont des papillons de nuit et ensuite parce que leur vie d’adulte se résume à 8 à 10 jours. Malheureusement, les dégâts de leurs chenilles, eux, seront bien visibles.

Surnommé « la coquette », ce papillon peut avoir une envergure de 6 cm pour la femelle qui est plus grande que le mâle qui, lui, à une envergure de seulement 4 cm. Son thorax ne passe pas inaperçu avec les longs poils blancs qui le recouvrent et les 3 taches bleu gris dessinées de chaque côté. Ses ailes blanches presque transparentes sont tout aussi remarquables, car elles sont parsemées d’une multitude de taches de la même couleur que celles de son thorax.

Au repos, elles recouvrent l’abdomen du papillon. Si le papillon en lui-même est inoffensif, on ne peut pas en dire autant de sa progéniture ! Ses larves sont des chenilles de 5 à 6 centimètres qui vont se nourrir de bois vivant. Elles sont d’une couleur jaune vif sur laquelle se détachent de nombreux points noirs disposés de manière régulière sur chaque segment. Leur tête est noire.

Le cycle de vie de la zeuzère

Entre juin et août, les papillons deviennent adultes et leur durée de vie étant très courte, ils n’ont qu’un seul objectif : se reproduire. La reproduction n’intervient qu’une fois par an, mais heureusement, car une femelle peut pondre jusqu’à 1 000 œufs. Le cycle de vie se déroule selon les étapes suivantes :

• Après l’accouplement, grâce à son organe pondeur, la femelle dépose et cache ses œufs jaunes de forme ovale dans une anfractuosité de l’écorce, une crevasse ou une ancienne galerie présente sur les arbres ou éventuellement dans le sol. Ces œufs de moins de 1 millimètre sont déposés par petits paquets en plusieurs endroits.
• Selon les conditions météorologiques, l’incubation peut durer entre 7 jours et une vingtaine de jours.
• Après l’éclosion des œufs, les chenilles vont d’abord rester groupées dans un cocon soyeux. Puis, elles vont se disperser et monter sur les branches. Et c’est alors que vos arbres vont souffrir, car après avoir commencé à se nourrir des organes tendres des arbres, comme les brindilles, les bourses, les dards, les nervures des feuilles et les pédoncules, elles vont s’attaquer au bois des branches plus importantes et du tronc en creusant des galeries ascendantes. Il est parfois possible de les voir redescendre par l’extérieur ou se suspendre à un fil de soie.
• À l’arrivée de l’hiver, elles hibernent en attendant le printemps pour reprendre leur travail de creusement de galeries pour se nourrir.
• Entre avril et mai, elles vont poursuivre leur forage jusqu’au centre d’une branche où la nymphose va avoir lieu avant la mue en papillon prêt à s’accoupler et à pondre.

Dans les régions au climat plus frais, le cycle peut s’étendre sur 2 ans.

Les dégâts occasionnés par la zeuzère

Les zeuzères peuvent s’attaquer à un grand nombre d’arbres et arbustes aussi bien fruitiers que d’ornement. Même si leurs arbres de prédilection sont les poiriers et les pommiers, les cerisiers, les pruniers, les oliviers, les cognassiers, les agrumes, la vigne, les groseilliers, etc. peuvent également compter parmi leurs victimes.

À la différence d’autres insectes xylophages, c’est-à-dire se nourrissant de bois, celui-ci s’attaque au bois vivant, ce qui en fait un grand ravageur. Il suffit d’une seule chenille pour tuer un jeune arbre. Pour les arbres plus âgés et vigoureux, ils pourront mieux se défendre, mais ils seront considérablement fragilisés par toutes les galeries creusées en leur sein, surtout en période de sécheresse. En effet, ces galeries ont pour conséquence d’interrompre la circulation de la sève.

Lutter contre la zeuzère

Il est difficile de prévenir l’apparition de la zeuzère et il n’existe que peu de moyens pour le faire. Si vous ne voyez ni chenilles ni papillons, un signe qui peut vous alerter est la présence de petits tas de sciure et d’excréments sur l’écorce à l’entrée des orifices par lesquels la chenille est entrée ou au pied de l’arbre, mais les dégâts sont alors déjà bien avancés. Durant la période estivale, vous devez donc observer de près vos arbres pour vous assurer que les jeunes pousses ne sont pas grignotées. Si une branche présente des signes de dessèchement, coupez-la et brûlez-la en prévention. En zone périurbaine, il est recommandé d’éviter de planter un verger à proximité d’un lampadaire qui pourrait attirer des papillons nocturnes.

Lutte biologique

Si vous remarquez de manière précoce la présence de ces chenilles, il est possible d’avoir recours au Bacillus thuringiensis (BT). Il s’agit d’une solution biologique qui peut être une solution pour un ou deux arbres, mais pas dans le cas d’un verger plus important. Le traitement doit être renouvelé tous les 10 à 15 jours.

La technique du fil de fer

Si vous remarquez la présence de tas de sciure, cherchez les trous que la zeuzère a pu forer. Voici ce que vous pouvez faire quand vous avez trouvé des trous :

• Passez un fil de fer dans chacun d’entre eux pour essayer d’attraper les chenilles et les tirer vers l’extérieur. Si vous ne réussissez pas à extraire les chenilles, n’hésitez pas à frotter votre fil de fer dans la galerie pour les écraser.
• Vous pouvez également injecter de l’eau dans le ou les trous avec un tuyau d’arrosage ou une grosse seringue.
• Essayez ensuite de désinfecter avec de l’alcool, puis rebouchez la galerie qui est alors une porte d’entrée pour les maladies et autres attaques diverses.
• Pour aider à la cicatrisation, vous pouvez utiliser du mastic à greffer, de l’argile mélangé à de l’eau ou du goudron de Norvège.

Les autres solutions habituelles : efficaces ou inefficaces ?

• Les prédateurs : qu’il s’agisse des oiseaux, des abeilles, etc., vous ne pouvez pas compter sur eux, car ils ne viendront pas à bout de la forte présence de ces chenilles.
• La technique du piégeage par phéromones : elle a été abandonnée, car elle semblait aggraver les dégâts.
• Les techniques de confusion sexuelle : elles ont donné de bons résultats auprès des professionnels non bio, mais il est nécessaire de respecter une certaine densité. C’est une opération complexe et coûteuse qui est réservée aux grands vergers. De plus, son efficacité n’est pas encore clairement établie.