Les scolytes sont des insectes xylophages qui, bien que minuscules, causent des dégâts importants dans les forêts françaises, d’ailleurs, l’ONF (Office national des forêts) met en place des mesures pour lutter contre cette épidémie. Zoom sur ce ravageur dont la population augmente à cause des nouvelles conditions climatiques et sur ce que, à votre échelle, vous pouvez faire pour protéger vos arbres.
Le scolyte est un petit insecte xylophage, c’est-à-dire se nourrissant de bois, qui appartient à l’ordre des coléoptères à l’instar de la coccinelle ou du scarabée. Dans cet ordre des coléoptères, les scolytes constituent une sous-famille de la famille des Curculionidae, une famille d’insectes ravageurs. D’une taille comprise entre 2 et 7 mm, le scolyte a un corps cylindrique de couleur noire ou brune, et recouvert d’élytres qui protègent ses ailes. Et bien évidemment, impossible de parler d’un insecte sans parler de ses larves. Celles des scolytes sont blanchâtres, molles et en forme d’arc.
Jusqu’alors le scolyte était considéré comme un insecte utile dans la mesure où son rôle premier était de favoriser la régénération forestière en se nourrissant des bois morts dont il accélérait la décomposition. Seulement voilà, la sécheresse et les tempêtes sont passées par là ! Face à celles-ci, les arbres qui souffrent de déshydratation ou qui ont été mutilés par le vent émettent des hormones de stress qui attirent les scolytes ainsi que d’autres parasites.
Les scolytes investissent donc ces arbres alors qu’ils ne sont pas encore morts. Une autre explication au fait que les scolytes s’attaquent désormais aux arbres sur pied est le trop grand accroissement de leur population. Les bois morts ne sont plus suffisants pour les nourrir tous ! Ainsi, les scolytes sont de plus en plus redoutés et plus particulièrement en sylviculture. Par exemple, dans les Landes, ces insectes causent d'importants dégâts dans les forêts de pins. Mais ce n’est pas la seule région touchée, car cette invasion s’étend désormais de la moitié nord de la France à la région Auvergne Rhône-Alpes.
Nous avons vu que les scolytes constituent une sous-famille et celle-ci compte un grand nombre d'espèces d'insectes qui vont s’attaquer à différentes essences d’arbres. Ainsi, il peut s’agir de conifères ou de feuillus. En France, les espèces les plus courantes sont :
le sténographe, ou Ips sexdentatus, qui s’attaque aux pins ;
l’Ips scolytus qui s’attaque aux ormes et est vecteur de la graphiose, une maladie qui tue rapidement ces arbres ;
l’Ips typographus qui se nourrit d’épicéas ;
le Leperesinus varius qui s’attaque aux frênes ;
Le scolytus mali et le Scolytus rugulosus qui ravagent les arbres fruitiers.
Mais il y en a de nombreux autres qui s’attaquent à des essences d’arbres très spécifiques, comme le scolyte de l'amandier, le scolyte de l'olivier, aussi appelé Neiroun, etc..
Le cycle de vie des scolytes peut présenter quelques différences, mais dans l’ensemble, il se déroule selon les étapes suivantes :
Lorsque la température extérieure atteint les 18 °C, l’essaimage a lieu.
Les scolytes adultes passent sous l’écorce de l’arbre soit en perçant un trou, soit en s’infiltrant par une crevasse pour se nourrir du bois tendre.
Les mâles et les femelles creusent ensuite une loge nuptiale dans laquelle aura lieu l’accouplement.
La femelle entreprend ensuite de creuser une galerie de ponte dans laquelle elle va pouvoir déposer ses œufs. Une femelle peut pondre jusqu’à 80 œufs.
Environ 2 semaines plus tard, ces œufs donnent naissance à des larves très voraces qui, à leur tour, vont entreprendre de forer d’autres galeries perpendiculairement à la galerie de ponte pour se nourrir. Ce faisant, elles vont couper le flux ascendant de la sève. Ces larves vont passer par 4 stades avant d’arriver au stade de la nymphe, puis le stade de l’émergence du nouvel adulte.
Ces jeunes adultes quittent ensuite l’arbre par des trous de sortie qu’ils vont créer dans l’écorce.
Il faut compter environ 6 semaines pour l’émergence d’une nouvelle génération, mais ce cycle est réduit à 4 semaines dès lors que les températures sont plus élevés. De plus, la reproduction des scolytes est possible dès que la température dépasse 15°C. On comprend ainsi les raisons de l’augmentation de leur population.
Comment les scolytes peuvent détruire des forêts ?
Plusieurs éléments favorisent la destruction massive des arbres par les scolytes à laquelle nous assistons actuellement :
En temps normal, les arbres ont la capacité de se défendre contre ce type de ravageurs. En effet, ils libèrent de la résine à laquelle les insectes adhèrent. Toutefois, du fait des conditions climatiques, ceux-ci prolifèrent si massivement et rapidement que les arbres ne peuvent plus lutter. Et pour cause, les arbres n’ont pas la possibilité de produire autant de résine.
Nous avons vu que les femelles creusent des galeries sous l’écorce, plus précisément dans le cambium, pour déposer leurs œufs. Cet acte en lui-même condamne l’arbre attaqué.
En effet, les larves qui vont naître de ces œufs vont à leur tour creuser des galeries qui vont interrompre les lignes de flux de sève.
Un autre phénomène dont il faut tenir compte est le contexte climatologique : les épisodes de sécheresse et les tempêtes affaiblissent les arbres qui deviennent plus sensibles aux attaques et qui émettent des hormones de stress qui attirent les scolytes.
Les trous et les galeries creusés par les scolytes sont autant de portes ouvertes aux champignons et parasites. L’arbre peut donc tomber malade.
Aucun traitement vraiment efficace n’existe. Le seul moyen de lutte reste la prévention :
Dès que des signes d’infection sont constatés sur un arbre, il est recommandé de l'abattre. Cela permettra d’éviter la propagation aux autres arbres. On parle alors de coupe sanitaire.
Certains misent sur une forêt diversifiéeavec différentes essences pour lutter contre la présence de scolytes. Ce type de forêt serait adapté pour résister au changement climatique.
Il fut une époque où l’on utilisait des pièges remplis d’attractifs pour lutter contre la présence des scolytes, mais face à leur prolifération massive, ils ne sont plus suffisants. Ce peut toutefois être une mesure complémentaire qui peut être mise en place ou une mesure à prendre si vous n’avez que quelques arbres.
En été, évitez le stress hydrique en arrosant régulièrement vos arbres et amendez la terre autour de ceux-ci pour les maintenir en bonne santé.
Ne laissez pas de bois morts à proximité de vos arbres, car n’oubliez pas que c’est la nourriture de prédilection de ces ravageurs
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