Qu’est-ce que la cochenille tortue du pin et comment s’en débarrasser ?

Aussi connue sous le nom scientifique de Toumeyella parvicornis, la cochenille tortue du pin est responsable de la mort d’un grand nombre de pins dans le sud-est de la France depuis qu’elle a été repérée pour la première fois en France pendant l’été 2021. Jusqu’alors ce ravageur ne sévissait qu’en Amérique du nord. Nous vous proposons d’en apprendre plus sur cet insecte qui met nos arbres en danger.

Zoé Beaugrand Publié le 07/02/24 à 16:15
Cochenille Tortue Du Pin
© Wikipedia

Comment ce ravageur est-il arrivé jusqu’à nous ?

Jusque dans les années 2000, la présence de la cochenille tortue du pin se limitait à l’Amérique du Nord. Mais progressivement, elle est remontée en Amérique Centrale, puis dans les Caraïbes.

En 2014, elle est accidentellement introduite en Italie, probablement avec l’arrivée de plantes contaminées importées de ces pays lointains à des fins commerciales.

Elle décime alors de nombreux pins parasols dans les villes de Rome, mais aussi de Naples. Elle est ensuite observée pour la première fois en France en juin 2021, d’abord sur des pins de Saint-Tropez, puis à Sainte-Maxime, Grimaud, etc. où de nombreux pins sont morts.

Le département du Var est désormais placé sous surveillance afin d’éviter la propagation de la cochenille tortue du pin. Cela se traduit par une surveillance des arbres, l’élagage des branches contaminées dès qu’un signalement est fait, un contrôle plus strict de la vente des végétaux, la mise en place de mesures dans les communes touchées, etc..

Mieux connaître la cochenille tortue du pin

La cochenille tortue du pin appartient à la famille des Coccidae et à l’ordre des hémiptères qui compte près de 4 000 espèces en France, parmi lesquelles les punaises, les cigales, les cochenilles, les aleurodes, les pucerons, etc.. Les insectes de cet ordre sont des insectes à métamorphose incomplète et sont, pour la plupart, pourvus d’un rostre protégeant un stylet piqueur-suceur.

Description de la cochenille tortue du pin

Les mâles et les femelles sont dissemblables autant dans leur aspect que dans leur cycle de vie :

  • Les mâles : lorsqu’ils sortent de l’état larvaire, ils sont munis d’ailes qui leur permettent de voler jusqu’aux femelles à féconder. Les mâles adultes ne mesurent pas plus de 1,5 mm de long et portent une carapace marron marbrée de blanc. Ils ne vivent que quelques jours, car ils meurent immédiatement après la reproduction. Tout cela fait qu’ils ont plus tendance à passer inaperçus.
  • Les femelles : les femelles adultes sont plus grandes que les mâles puisqu’elles peuvent atteindre 5 mm de long pour 4 mm de large, mais leur forme et la couleur de leur carapace diffèrent selon qu’elle vivent sur les rameaux ou sur les aiguilles : dans le premier cas, elles ont une forme ovale et leur carapace est de couleur marron à rougeâtre avec des motifs noirs évoquant une carapace de tortue, d’où leur nom de cochenille tortue du pin, alors que dans le second cas, elles ont une forme plus allongée et leur carapace a une couleur plutôt verdâtre.

Cycle de vie

Après avoir passé l’hiver à l’état de larve, la cochenille tortue du pin se réveille et se nourrit de sève jusqu’à être prête à pondre aux environs du mois de juin.

Une femelle peut pondre jusqu’à 500 œufs sous sa carapace. De ces œufs vont naître des larves de couleur orange. Les larves femelles passent ensuite par 3 stades avant d’atteindre l’âge adulte.

C’est au cours du premier stade de leur vie larvaire qu’elles sont les plus mobiles. Au-delà de se déplacer elles-mêmes pour aller un peu plus loin et se fixer définitivement, elles peuvent alors être véhiculées par le vent ou par des animaux.

Arrivées à l’âge adulte, elles vont se nourrir de la sève de l’arbre sur lequel elles se sont fixées, s’accoupler, pondre et mourir, laissant la place à une nouvelle génération de larves. Si en Amérique du Nord, les cochenilles ne produisent qu’une seule génération par an, dans les pays où le climat est plus chaud, comme en Italie ou sur la Côte-d’Azur, on compte jusqu’à 3 générations par an.

Les arbres sensibles à la cochenille tortue du pin

Les Toumeyella parvicornis s’attaquent à différents types de pins dont, principalement, les pins parasols, les pins maritimes, les pins noirs et les pins sylvestres. Il est possible de les voir sur les rameaux fins, les petites branches, mais aussi les jeunes pousses. La dissémination des cochenilles tortues semblent se faire par le vent, les oiseaux ou d’autres animaux, mais aussi le commerce de plantes déjà contaminées.

Les dégâts causés par l’invasion de ces ravageurs

Les dégâts occasionnés par ces cochenilles sont de plusieurs ordres :

  • Les cochenilles tortues du pin étant des insectes piqueurs-suceurs, elles piquent les tiges ou les aiguilles pour en prélever la sève, ce qui, à plus ou moins long terme, affaiblit l’arbre infesté et entraîne la mort des rameaux colonisés, en effet, ceux-ci commencent par jaunir, puis se dessèchent et meurent. L’arbre devient alors plus sensible aux aléas climatiques, aux maladies, mais aussi aux autres ravageurs.
  • Par ailleurs, la cochenille tortue du pin excrète du miellat, une substance collante très appréciée de micro-champignons noirs, la fumagine. Le danger du développement excessif de ces champignons vient du fait qu’ils se présentent sous la forme d’une poudre noire qui empêche la photosynthèse, ce qui accélère encore le dépérissement de l’arbre.

La lutte contre la cochenille tortue du pin est engagée

En France, la lutte contre la cochenille tortue du pin est encore au stade de la recherche de solutions, mais face à l’augmentation incessante du nombre d’arbres infestés, des premières mesures ont été mises en place :

  • En mars 2022, un arrêté ministériel a été publié. Il prescrit les mesures à prendre pour « éviter l’introduction et la propagation de Toumeyella parvicornis sur le territoire national ».
  • Dans le département du Var, les pépiniéristes, les paysagistes, les jardineries sont soumis à des obligations en matière de plantation, de détection, d’élagage ou d’abattage des arbres infestés.
  • Au niveau des particuliers, il est également devenu obligatoire de lutter contre la présence des cochenilles tortues du pin. Ainsi, les pins doivent être surveillés de près et, en cas de suspicion d’infestation, un signalement doit être réalisé auprès d’un professionnel, qui procédera à l’élagage ou à l’abattage de l’arbre en question.
  • La loi Labbé interdisant l’usage de produits phytosanitaires dans les espaces verts, il est nécessaire d’avoir recours à d’autres solutions. L’utilisation de coccinelles à virgules donne actuellement de bons résultats dans la lutte contre la cochenille tortue du pin. L’avantage de cet insecte auxiliaire est qu’il permet de lutter efficacement contre cette cochenille invasive de manière biologique. Pour assurer son efficacité, il est nécessaire de l’introduire au printemps au moment de la ponte des cochenilles.
  • Concernant les jeunes pins, il est également possible d’avoir recours à des produits de biocontrôle à base d’huile de colza et d’huile essentielle d’orange douce. Par pulvérisation sur la totalité de l’arbre, ils permettent d’assécher et de tuer les cochenilles tortues du pin.
Zoe Beaugrand

Zoé, rédactrice passionnée par le jardinage et l'aménagement extérieur. À travers mes mots, je tente de transformer chaque coin de verdure en une histoire. Écrire, pour moi, c'est semer des graines d'inspiration.

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