Jardin : comment avoir des bruyères en fleurs toute l’année ?

Des landes bretonnes au maquis méditerranéen, des sous-bois alpins aux tourbières vosgiennes ou parmi les chaos de la forêt de Fontainebleau, les paysages envahis de bruyères sont inoubliables. Ces plantes familières, dont la floraison culmine à la fin de l'été avec les callunes hirsutes, poussent parfois à perte de vue.

Les terres à bruyères

Nos bruyères de plaines prospèrent généralement dans des milieux bien typés. De là à rêver de leur spectacle autour de notre maison, il n'y a qu'un pas. Toutefois, si elles prospèrent dans des situations ingrates, elles ne s'adaptent pas toujours dans nos jardins. La plupart exigent ce que l'on appelle de la terre dite de bruyère : un substrat acide mais surtout souple et poreux, indispensable également aux rhododendrons.

Nos jardins au sol neutre ou calcaire se passeront-ils de belles bruyères ? C'est sans compter sur certaines espèces plus adaptées à la nature de ces sols.

Un vaste choix de bruyères

Les plus belles d'entre elles s'épanouissent en hiver (bruyères alpines et darleyensis), mais de nombreuses espèces et variétés fleurissent plusieurs fois dans l'année. Quel étonnement de découvrir des bruyères en forme d’arbustes employées pour alléger les fonds de massifs. Elles complètent à merveille les formes plus courantes, déclinées en touffes basses et compactes, parfois à feuillage décoratif. Plantez ces dernières en grands massifs monochromes ou bigarrés, en compagnie de conifères, de graminées, de bouleaux ou encore de beaux rochers qui évoquent leur milieu d’origine.

En automne : avec des feuillages colorés

Les bruyères décorent le devant de massifs composés d'arbustes et de vivaces. Elles sont présentes toute l'année soit par leurs fleurs, soit par leur feuillage vert, doré ou rouge selon les variétés. Associez-les aussi à des conifères bleus.

Fanée, mais belle

La bruyère de Corse (Erica terminalis) fleurit de juillet à octobre. Les fleurs rose lilas prolongent le feuillage vert clair. Même fanée, elle reste décorative tout au long de l'automne. Cette espèce accepte bien les sols calcaires. Elle mesure de 50 cm à 1 m de hauteur, parfois plus. Elle supporte assez bien le froid mais les branches peuvent se casser sous le poids de la neige.

Une touffe ronde et bien serrée

La bruyère ciliaris ne supporte pas les sols calcaires. Elle résiste assez bien à la sécheresse et se plaît légèrement à l'ombre dans les régions bien ensoleillées. Elle craint aussi la pollution. Comme l'espèce type, les variétés roses (Coffe Castle) ou blanches (Stoborough') fleurissent en fin d'été jusqu'au mois d'octobre ou de novembre.

En hiver : un tapis en sous-bois

Ces bruyères alpines en mélange forment un tapis dense au pied des troncs rosés des pins. Dans les sols sablonneux, un paillis annuel de matières organiques, de tourbe, de terre dite de bruyère ou de terreau leur est profitable. L'arborétum des Grandes-Bruyères présente ici une belle collection de ces sous-arbrisseaux.

Des fleurs en décembre

La bruyère alpine (Erica carnea) est précieuse pour égayer nos jardins durant l'hiver, en compagnie de conifères ou d'arbustes persistants. Ses épis s'épanouissent de novembre à avril selon les variétés.

Les touffes, compactes, sont garnies de fines feuilles foncées. La variété Springwood White fleurit de décembre à mai.

Tableau en camaïeu

Composez des tableaux impressionnistes en mariant les bruyères d'hiver comme cette bruyère alpine ou les variétés de bruyères darleyensis, leurs cousines, à des crocus. Elles supportent les sols calcaires mais pas trop lourds. Comme toutes les autres, ces deux espèces développent un chevelu de racines dense mais superficiel.

Au printemps : la bruyère en rocaille

En compagnie de diverses variétés de bruyères darleyensis et alpines qui fleurissent dès le premier printemps, le bleu profond du lithospermum diffusum réveille une variété originale à feuillage orangé. Une telle plantation en massif surélevé permet de combattre l'excès d'humidité. Les bruyères se transforment alors en superbes plantes de rocaille.

Une bruyère arborescente

Elle offre toujours un spectacle inattendu au printemps (ici la variété Alpina). Choisissez un endroit abrité des grands vents. Sa floraison blanche est ici complétée par un couvre-sol de bruyère darleyensis Darley Dale dont la floraison se termine.

Un tapis tissé en rouge et or

N'hésitez pas à planter beaucoup de pieds d'une même variété comme ici la bruyère alpine Myretoun Ruby. Vous formerez un tapis reposant pour le regard. Ses fleurs rouges s'épanouissent de janvier à mai à environ 20 cm du sol. Associez-la avec des variétés à feuillage coloré comme Erica carnea Aurea ou à des conifères nains dorés.

En été : dans un massif

Des potées de fuchsias fleuris ou à feuillage panaché servent de contrepoint saisonnier à ce massif ombragé de bruyères en mélange. On y distingue les superbes inflorescences d'une callune rose tendre à fleurs doubles, à la floraison durable. Ses épis dynamisent la scène, en contraste avec les clochettes retombantes des fuchsias. Tout le feuillage couvre le sol.

Beau feuillage

En utilisant les variétés de bruyères à feuillage coloré, tantôt nuancées de jaune ou d'orangé, tantôt de gris argenté, les massifs gagnent en attrait. La variété Aurea est l'une des bruyères alpines à feuillage coloré les plus populaires. Ses clochettes sont d'un rose soutenu.

Au frais

Au cœur de l'été, la bruyère cendrée Rosea offre une floraison abondante et tonique avec d'innombrables clochettes dans des tons rouges, rosés, pourpres ou lavande. Elle apprécie les lieux frais et accepte alors le plein soleil. C'est la compagne habituelle des ajoncs et des fougères.