Vous êtes tenté par la création d’une tourbière dans votre jardin pour pouvoir cultiver certaines plantes, comme des plantes carnivores, des sarracénies, des dionées attrape-mouche, des droseras, etc.. Nous vous proposons de découvrir comment créer cet écosystème bien particulier pour apporter une touche d’originalité et favoriser la biodiversité dans votre jardin.
Plusieurs raisons peuvent motiver la création d’une tourbière dans votre jardin. Si ce choix peut être guidé par votre envie de profiter d’un espace avec des essences uniques qui apporteront une touche singulière à votre jardin, il peut aussi s’imposer au vu de la nature du sol.
En effet, si ce dernier est plutôt tourbeux, que ce soit partout ou en bordure d’une mare ou d’un étang, ou dans un espace soumis à des inondations régulières dues à la pluie, ce peut être une solution pour arriver à l’aménager. Ajoutons à cela que la tourbière présente aussi l’avantage d’être un véritable réservoir de carbone et le havre d’une biodiversité riche.
Une tourbière : qu’est-ce que c’est ?
Sa formation
Lorsque l’on parle d’une tourbière, il s’agit d’une zone constamment gorgée d’eau dans laquelle prolifère de la sphaigne vivante, une mousse. Sur de longues périodes de temps, la mousse morte s’est accumulée, parfois sur plusieurs mètres, pour constituer la tourbe. Le matériau ainsi formé est riche en eau et, la plupart du temps, présente un taux d’acidité élevé du fait de l’accumulation de matières organiques végétales spongieuses.
La hauteur que peut atteindre cette accumulation s’explique par la lenteur de décomposition du matériau né de l’amalgame de l’eau et de la sphaigne morte. Deux facteurs expliquent cette lenteur :
le matériau est pauvre en oxygène, car trop gorgé d’eau ;
les micro-organismes ont du mal à le décomposer.
Utilité de la tourbe
Il faut savoir que les tourbières ne représentent que 3 à 5 % des surfaces émergées du globe. Pendant une longue période, elles ont été drainées pour être transformées en terres cultivables. Désormais, ce sont des milieux protégés, même si la tourbe est toujours exploitée par l’homme notamment pour la fabrication de terreaux ou pour le chauffage, comme en Irlande.
Ce type d’écosystème abrite des espèces végétales et animales qui ne se trouvent que dans ces milieux particuliers. Il s’agit d'espèces qui peuvent vivre dans des conditions pauvres et humides et qui sont capables de supporter la rudesse des conditions climatiques hivernales. Attention, dans un espace de ce type, vous ne pourrez planter aucun arbre, car le manque de minéraux, d’oxygène et le trop plein d’eau leur seraient fatals.
Pour contribuer au succès de cet espace où vous allez pouvoir vous consacrer à la culture de plantes uniques, voici ce que vous devez veiller à faire dans un premier temps :
Entreprenez la création de votre tourbière de préférence au printemps.
Optez pour un emplacement mi-ombragé. En effet, il ne doit pas être totalement dénué d’ensoleillement. Pour cela, privilégiez un espace exposé au soleil du matin, car dans la mesure où celui-ci n’est pas brûlant, vous limiterez un éventuel assèchement du sol.
Prévoyez de pouvoir refaire le niveau d’eau lorsque celle-ci s’évapore durant des épisodes de chaleur intense ou des épisodes venteux. Pour cela, il est possible d’installer des récupérateurs d’eau de pluie.
Par la suite, au printemps, vous pourrez ajouter du compost pour maintenir le niveau d’humidité et apporter la matière organique nécessaire au bon développement de vos plantes.
Créer une tourbière artificielle
Une fois l’emplacement idéal déterminé, vous pouvez vous lancer dans la création de votre mini-tourbière. Selon l’espace dont vous disposez et l’ampleur des travaux que vous souhaitez entreprendre, plusieurs solutions s’offrent à vous :
Vous pouvez procéder assez simplement en utilisant un bac, une jardinière, etc..
Vous pouvez opter pour une fosse, mais la tâche sera plus difficile, plus onéreuse et moins écologique.
Réaliser une tourbière en bac
Le matériel nécessaire
Afin de réaliser une mini-tourbière en bac, voici ce dont vous aurez besoin :
un bassin préformé ou un bac que vous pouvez réaliser par vous-même ou une jardinière, etc. ;
si nécessaire, une bâche, un liner ou tout autre matériau imperméabilisant ;
un tuyau en PVC ;
de la tourbe blonde ;
de la perlite, du sable ou de l’argile expansée ;
des billes d’argile expansée, des graviers, de la pouzzolane, etc. ;
de l’eau de pluie ;
des plantes de tourbière ;
un arrosoir.
Créer votre mini-tourbière en bac
Après avoir choisi le type de contenant que vous souhaitez utiliser, en fonction de l’espace dont vous disposez, mais aussi de votre budget et du résultat souhaité, il est nécessaire de vérifier son étanchéité. Au besoin, recouvrez sa surface avec un matériau imperméabilisant. Pour le choix du contenant, il doit avoir une hauteur d’au moins 50 cm afin de créer une réserve d’eau suffisamment importante. Si vous pouvez avoir une hauteur supérieure, les racines de vos plantes bénéficieront de plus d’espace et seront plus à même de résister aux hivers, surtout s’ils sont rudes là où vous vivez.
Une fois votre contenant parfaitement étanchéifié, vous pouvez disposez la première strate. Il peut s’agir de billes d’argile expansée, de graviers, de pouzzolane, etc.. L’important est que le matériau choisi soit capable de redistribuer l’eau par capillarité, ce qui veut dire que vous ne devez pas en choisir un qui soit calcaire.
Vous pouvez ensuite positionner votre tuyau en PVC à la verticale en le faisant affleurer à la surface. Lors de l’arrosage de votre tourbe, il vous permettra de saturer la première strate en eau. En effet, la base de votre bac doit toujours se trouver sous l’eau pour imiter une tourbière naturelle. Cette eau servira également de réserve en cas de sécheresse.
Vous devez ensuite mélanger 70 % de tourbe avec 30 % de perlite ou de sable. Vous aurez ainsi un substrat suffisamment léger pour permettre aux racines de se faufiler plus aisément. Procédez alors au remplissage de votre bac avec ce mélange jusqu’à ras bord.
Tassez le substrat et saturez-le en eau pour imiter les conditions naturelles d’une tourbière.
Il est maintenant temps de procéder à la plantation.
Réaliser une fosse tourbière
Le matériel nécessaire
Pour réaliser une fosse tourbière, il vous faudra :
de quoi creuser (pioche, pelle, mini-pelleteuse,...) ;
un feutre géotextile ;
un liner, une bâche ou tout autre matériau imperméabilisant ;
des bastaings ou ce que vous souhaitez pour créer les bordures de votre bassin ;
de la tourbe blonde de sphaigne non enrichie ;
facultatif : un tuyau PVC de 60 à 100 mm ;
facultatif : de la pouzzolane.
Créer votre fosse tourbière
Vous devez commencer par creuser une fosse dans votre jardin d’une profondeur d’environ 60 cm. Si vous vivez dans une région où les hivers sont rudes, vous pouvez creuser jusqu’à 80 cm. Pour la longueur et la largeur, cela dépendra de l’espace que vous souhaitez allouer à votre tourbière. Vous pouvez également lui donner la forme que vous souhaitez.
Rehaussez les bords de 10 cm au-dessus du niveau du sol. Vous éviterez ainsi les éventuels ruissellements d’eau qui pourraient apporter des éléments indésirables dans la tourbière.
Une fois votre fosse prête, il est nécessaire de tapisser tout le trou avec un feutre géotextile imputrescible.
Installez ensuite un liner ou autre matériau imperméabilisant en veillant à lui faire épouser les parois le mieux possible, sans créer trop de plis, et à le faire remonter par-dessus les bords.
Fixez le liner et le géotextile à la surface et camouflez-les soit avec des bordures en pierre non calcaire, des bastaings, etc..
Si l’installation d’un tuyau PVC à la verticale est facultative, elle est toutefois recommandée pour arroser le substrat en profondeur. Outre cela, ce tuyau pourra vous servir de jauge pour contrôler le niveau de l’eau. Il convient de le prévoir d’une hauteur qui lui permettra de dépasser de quelques centimètres au-dessus de la terre. De plus, pour assurer une meilleure diffusion de l’eau, vous pouvez percer sa partie inférieure.
Une fois votre fosse prête, il est temps de la remplir. Commencez par déposer une couche de pouzzolane, cela est facultatif, mais favorisera le stockage de l’eau.
Remplissez ensuite votre tourbière avec de la tourbe blonde de sphaigne non enrichie. Au fur et à mesure que vous l’installez dans la tourbière, vous pouvez la gorger d’eau.
Lorsque, après quelques semaines, la tourbe s’est tassée, vous pouvez réajuster le niveau et procéder à la plantation.
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