Faut-il se méfier du caractère invasif du mimosa ?

Le mimosa, ce petit arbre dont la floraison parfumée et sous forme de petits pompons jaune d’or annonce la fin de l’hiver, a la mauvaise réputation d’être invasif. Mais cette critique est-elle justifiée ?  Si vous avez envie d’en planter un dans votre jardin et que vous tergiversez parce que vous craignez de commettre une erreur, nous vous proposons ici quelques éléments de réponse pour vous aider à prendre votre décision.

Zoé Beaugrand Publié le 06/03/24 à 11:17
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Mise au point sur la différence entre mimosa et acacia

Une confusion peut naître du nom latin des différentes espèces de mimosa, comme Acacia dealbata, Acacia baileyana, Acacia decurrens, etc.. Il est donc important de savoir que le mimosa est une plante appartenant au genre Acacia et que toutes les plantes portant le nom de ce genre dans leur nom latin sont des mimosas.

Il ne faut donc pas les confondre avec les arbustes que nous appelons communément et à tort « acacia », qui, pour leur part appartiennent au genre Robinia et sont des robiniers, comme le Robinia pseudoacacia, ou robinier faux-acacia. Les plantes dont nous allons parler ici sont donc bien des mimosas du genre Acacia, c’est-à-dire des arbres ou arbustes, en fonction de la variété, qui peuvent être cultivés en pleine terre ou en pot.

Histoire du Mimosa en France

Originaire d’Australie, le mimosa est amené en France au début du XIXe siècle par l’explorateur Nicolas Baudin. Les pieds ainsi rapportés furent plantés dans les jardins du château de Malmaison, demeure de l’impératrice Joséphine de Beauharnais. Ces arbres séduisirent les parfumeurs qui y virent une manne d’or et, vers les années 1880, le mimosa fut massivement planté sur la Côte d’Azur où le climat lui était favorable.

Il s’est tellement bien naturalisé dans cette région qu’il y est désormais considéré comme une plante invasive. Ainsi, il est désormais classé comme « Espèce exotique envahissante ». Parce qu’il ne supporte pas le froid extrême, on le trouve sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, mais aussi sur la façade atlantique. Il est ainsi très présent dans le sud-ouest du pays et jusque sur le bord de la Manche.

Pourquoi le mimosa est considéré comme une plante envahissante ?

Le mimosa est également considéré comme invasif dans d’autres pays d’Europe et du monde, comme en Espagne, en Italie, au Portugal, etc.. En France, dans d’autres régions que le sud de la France, comme les régions Midi-Pyrénées et Sud-Atlantique, il est considéré comme à surveiller et dans la région Pays de la Loire, il a été classé comme « Plante potentiellement invasive ».

Les raisons de ces classifications en plante invasive avérée et en plante potentiellement invasive dans les régions où les mimosas se sont naturalisés grâce à des conditions de culture qui leur sont parfaitement adaptées sont de deux ordres :

  • La production de nombreux drageons : En effet, la capacité des mimosas à produire des drageons est impressionnante et est constatée même après des événements tels que des épisodes de gel ou des incendies. Les drageons sont des rejets qui partent des racines et peuvent aller assez loin pour donner naissance à de nouveaux arbres. Cela veut dire que si l’arbre est détruit ou arraché, ses racines souterraines continuent de vivre et de produire des rejets, ou drageons.
  • Le mode de reproduction du mimosa : Le mimosa peut se reproduire de manière sexuée via les nombreuses graines qui sont produites, mais aussi de manière végétative via les nombreux rejets. Ces modes de reproduction favorisent donc sa propagation excessive et sa concentration problématique sur certaines zones.

Les conséquences de cette propagation massive

Les conséquences sont de deux types :

  • Déséquilibre de la biodiversité : Il est facile de comprendre que confrontées à cette capacité du mimosa à se reproduire rapidement et facilement, les régions du sud de la France et plus particulièrement la région PACA se retrouvent avec des zones où les autres espèces locales et indigènes ne peuvent plus se développer. Cela pose des problèmes de gestion importants, car cette prolifération du mimosa en milieu naturel ne pouvant pas être maîtrisée, elle menace directement la biodiversité de ces zones. En effet, il faut bien être conscient que la concentration d’une seule espèce est dommageable pour les écosystèmes.
  • Impact sur les sols : Ajoutons à cela que les mimosas ont un impact sur l’écoulement des eaux et l’érosion du sol. Cela tient à deux faits : le premier est que leur concentration trop élevée crée des zones imperméables et le second est que le mimosa fait partie de la famille des Fabacées, une famille de végétaux qui fixe l’azote dans le sol. Cela est bien en soi, mais c’est comme pour tout, le trop crée un déséquilibre : dans ce cas, l’augmentation du taux d’azote est beaucoup trop importante dans ces zones.

Les moyens de lutter

Face à ces nombreuses problématiques, des méthodes de lutte ont été mises en place dans les régions : les jeunes plants sont arrachés, les grands sujets sont coupés, les souches et les rejets sont arrachées et les graines tombées au sol retirées. Désormais, pour éviter les rejets lorsqu’un mimosa est coupé, les souches sont systématiquement traitées soit mécaniquement, soit chimiquement.

Est-ce que cela s’applique à un mimosa à planter dans votre jardin ?

Le tableau dressé est plutôt noir, mais cela concerne les zones naturelles. Si vous souhaitez planter un mimosa dans votre jardin, vous pouvez le faire sans trop vous inquiéter, car des solutions existent :

  • Concernant la production de rejets : L’Acacia dealbata est un mimosa caractérisé par un important drageonnement, c’est donc celui que vous devez éviter à tout prix. La solution réside dans les sujets greffés qui sont désormais proposés à la vente, tels que l’Acacia retinodes qui est peu drageonnant, mais moins rustique.
  • Concernant le caractère allergène : Il est courant d’entendre dire que le Mimosa peut être gênant pour les personnes sensibles aux pollens ou au rhume des foins. Toutefois, l’impact des mimosas sur les allergies saisonnières est limité puisque c’est une plante entomophile, ce qui revient à dire que son pollen est dispersé par les insectes et non par le vent, comme celui des plantes anémophiles qui sont les plus allergisantes. Par ailleurs, les grains de pollens étant plus lourds, ils tombent plus rapidement au sol.
  • Concernant les racines : L’Acacia dealbata est doté d’un puissant système racinaire qui peut occasionner des dommages sur les fondations ou les canalisations, ou soulever un revêtement de sol. Ce problème peut être évité en optant pour un sujet greffé sur l’Acacia retinodes, qui est aussi appelé mimosa des 4 saisons.
  • Concernant le problème d’allélopathie : Il s’agit d’un phénomène biologique qui apparaît lorsqu’une plante, comme le mimosa entre de nombreuses autres, produit des substances qui ont un impact sur la germination, le développement et la reproduction d’autres végétaux. Ainsi, au moment de la floraison, les feuilles et les fleurs d’un mimosa vont dégager une substance de ce type. Il peut donc être difficile de cultiver des plantes sous sa ramure. La bonne nouvelle est que, à priori, les pervenches, les euphorbes ou les graminées ne sont pas sensibles à ces substances.
Zoe Beaugrand

Zoé, rédactrice passionnée par le jardinage et l'aménagement extérieur. À travers mes mots, je tente de transformer chaque coin de verdure en une histoire. Écrire, pour moi, c'est semer des graines d'inspiration.

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