La grande aventure des plantes nous raconte la complicité, façonnée par des millénaires d’évolution, des fleurs et des insectes. C’est ainsi que la sauge ou l’orchidée ont inventé les pièges les plus doux pour faire transporter loin, par les abeilles, le pollen pollinisateur.
Les fleurs ont impérativement besoin des insectes, et notamment des abeilles, pour que la pollinisation soit bien assurée. Sans leur intervention, le pollen des étamines d'un cerisier, par exemple, auraient toutes les chances d'atterrir ailleurs que sur le pistil. Les abeilles qui possèdent de longs poils sur le corps et qui volent continuellement de fleur en fleur sont donc très prisées par les fleurs. Elles font tout pour les attirer...
La sauge, une plante « assommante »
Pour piéger les abeilles butineuses, la sauge possède une technique parfaitement au point : elles les assomment pratiquement en les aspergeant de pollen !
Quand une butineuse se présente devant cette fleur bleue très courante (elle est reconnaissable facilement grâce à son pétale supérieur en forme de faucille), elle ne sait pas ce qui l'attend. Dès qu'elle se pose et qu'elle commence à introduire sa tête à l'intérieur de la fleur, l'abeille pousse involontairement sur une sorte de petit levier qui actionne aussitôt l'étamine se trouvant au-dessus.
Cette partie de la fleur se détend et vient frapper légèrement le dos de l'abeille. Sans s'en rendre compte, la voilà couverte de poussière de pollen. Il ne lui reste plus qu'à transporter cette substance sexuelle vers une autre sauge et le tour est joué...
Dans cette histoire, chacun y trouve son compte. La fleur a permis au pollen de s'échapper pour former des graines. Quant à l'abeille, elle revient à la ruche avec de petites provisions de ce même pollen destinées à l'alimentation du couvain (les jeunes abeilles qui se nourrissent également de miel).
L'abeille a également deux atouts importants en faveur de la pollinisation :
- elle visite toujours une même espèce au cours d'une même sortie ;
- elle « visite » plus d'un millier de fleurs au cours d'une seule sortie...
Faites le calcul avec les 50 à 80 000 abeilles peuplant une ruche...
Une orchidée particulièrement attirante
Dans la nature, tous les coups sont permis pour attirer les insectes pollinisateurs. Nous avons vu qu'il y avait des fleurs « catapultes ». D'autres produisent des arômes alléchants. D'autres encore vont même jusqu'à imiter le sexe des femelles.
Certaines orchidées, qui n'ont pas de sécrétion nectarifère, sont ainsi pollinisées par des guêpes solitaires, chaque espèce étant inféodée à un type particulier d'orchidée. Pour attirer le mâle, l'orchidée possède une corolle ressemblant point pour point à une guêpe femelle. Le mâle n'hésite pas une seconde. Il « s'accouple » en quelque sorte avec la fleur en plongeant son abdomen dans cette corolle si belle qu'on pourrait s'y tromper.
Au cours de cette visite, le pollen de l'orchidée adhère à l'abdomen de la guêpe. En s'agitant de plus belle, elle va le mettre en contact avec le pistil de la fleur. Les scientifiques qui ont fait ces observations ont également noté que la corolle de l'orchidée dégageait une odeur très voisine de celle de la femelle de la guêpe. En somme, même en y regardant de très près, notre pauvre mâle n'y voit que du feu...
Tous ces mécanismes sont étudiés en laboratoire. Les scientifiques ont en effet l'espoir de reconstituer artificiellement les parfums, les phéromones, les substances attractives qui agissent sur les insectes pollinisateurs, mâles ou femelles. Si on y arrivait, cela permettrait d'assurer une pollinisation dirigée. En clair, nous pourrions contrôler efficacement la fabrication des graines, et donc des fruits.
Zoé, rédactrice passionnée par le jardinage et l'aménagement extérieur. À travers mes mots, je tente de transformer chaque coin de verdure en une histoire. Écrire, pour moi, c'est semer des graines d'inspiration.
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