Pourquoi faut-il bêcher en hiver ?

Comprendre ce qu’est le bêchage

Avant tout, il est important de comprendre de quoi il s’agit lorsque l’on parle de bêcher le potager. Traditionnellement, on utilise une bêche, un outil qui se compose d’un manche et d’une lame rectangulaire, mais il est également possible d’utiliser une bêche-fourche si le sol est caillouteux. Pour bêcher, la technique traditionnelle consiste à :

• Poser un pied sur la base de la lame.
• En s’aidant du poids du corps, enfoncer la lame à la verticale dans le sol.
• Faire pression sur le manche, vers le bas, pour extraire la motte ainsi découpée et la retourner.

Si vous pratiquez le bêchage, vous savez malheureusement que le dos ne sort pas indemne de cette tâche ardue. Mais cette opération vous permet de retourner et de décompacter la terre du potager ou du jardin, en fonction de vos besoins, et en profondeur.

Les différentes techniques de bêchage

Pour vous aider à bien comprendre en quoi consiste le bêchage, nous vous avons parlé de la technique traditionnelle, mais elle n’est pas la seule, pas plus que la bêche n’est le seul outil que vous pouvez utiliser.

Bêcher en retournant le sol

Cette première technique est la plus répandue et pourtant la plus largement contestée. Ce travail peut être réalisé de deux manières :

• Manuellement, comme nous l’avons vu précédemment, avec une bêche ou une bêche-fourche. Il est alors appelé bêchage simple, car la terre n’est retournée que sur une profondeur de 25 cm, ce qui correspond à la hauteur de la lame d’une bêche.
• Mécaniquement avec des machines, comme un motoculteur, un tracteur, etc., ce qui vous permet d’épargner votre dos, mais présente l’inconvénient d’éradiquer les vers de terre.

Bêcher sans retourner le sol

Pour éviter de retourner la terre, ce qui n’est pas sans conséquences, une autre technique a été imaginée et est largement employée dans l’agriculture biologique : travailler le sol avec une grelinette ou une aérobêche, c’est-à-dire une sorte de bêche à dents.

La tâche consiste alors à planter en profondeur l’outil et à remuer la terre sans la retourner. Cela permet de la décompacter tout en ayant un impact moindre sur la faune microscopique qui vit sous terre et qui peut alors continuer à œuvrer pour transformer et améliorer le sol de votre terrain. Ajoutons à cela, que cette technique est moins fatigante que le bêchage classique et moins traumatisante pour le dos.

Bêcher, une pratique controversée

Si le fait de bêcher le terrain que l’on veut cultiver est largement utilisé, cette pratique est de plus en plus discutée, car elle présente des risques pour le sol même si elle a des avantages.

Les avantages

• Le sol est décompacté en profondeur ce qui permet à l’eau et à l’air de s’infiltrer.
• Le bêchage permet d’enfouir rapidement et efficacement des amendements, comme du fumier, du compost, etc..
• Il limite la repousse des mauvaises herbes et la contamination par les champignons.
• Il permet d’améliorer les sols argileux.

Les inconvénients

• Il perturbe l’équilibre du sol.
• Il détruit la microfaune. Il faut savoir que les micro-organismes nécessaires aux plantes travaillent à une profondeur de 12 à 15 cm, ce qui veut dire qu’en bêchant vous les déloger et les enfouissez à une profondeur où il ne peuvent plus aider les plantes.
• Il appauvrit le sol et entraîne une baisse de sa fertilité.
• Après le bêchage, le sol est laissé à nu jusqu’aux prochains semis. Il est alors plus sensible au lessivage.

Pourquoi bêcher en hiver ?

Au potager, après une saison de culture, la terre est appauvrie, épuisée et tassée après avoir été piétinée par vos allées et venues. Les légumes que vous avez cultivé ont puisé tous les nutriments du sol.

L’hiver est donc la saison intermédiaire idéale pour chouchouter le sol et l’aider à se reconstituer avant les semis et les plantations que vous envisagez de faire au printemps. Mais attention, en hiver, oui, mais pas lorsque le sol est gelé ou enneigé.

De plus, la terre ne doit être ni trop sèche, ni trop humide.

En bêchant, vous allez donc décompacter la terre, aérer la structure du sol et permettre à l’air et à l’eau de s’infiltrer. Cela veut dire que lorsque vous planterez d’ici quelques mois, les racines pourront se développer et se frayer un chemin dans le sol.

Par ailleurs, vous pouvez profiter du bêchage pour enfouir du compost ou du fumier qui viendra nourrir le sol. Si la terre de votre potager est lourde et argileuse, l’avantage de bêcher en hiver est que vous allez créer de grosses mottes qui sous l’effet du gel vont s’émietter. Il ne vous restera ensuite plus qu’à passer le râteau pour finir de les casser.

Les alternatives au bêchage

Il existe d’autres solutions pour ne pas avoir à bêcher votre potager et pour éviter les maux de dos et autres inconvénients liés au bêchage.

1. Certains jardiniers prennent le parti de travailler la terre au minimum, partant du principe que la nature se débrouille toute seule. En effet, les meilleurs sols sont ceux qui sont laissés livrés à eux-même, comme dans les forêts où le sol profite d’une vie animale et bactérienne très intense.
2. Dans le même principe que ci-dessus, certains jardiniers font le choix de garder le sol toujours couvert, par exemple, avec des engrais verts, etc.. Cela permet d’éviter l’apparition d’éventuelles adventices au profit de plantes qui vont enrichir le sol, comme du seigle, de la moutarde, de la luzerne, des trèfles, etc.. Il en existe pour chaque saison et chaque nature de terrain.
3. Vous pouvez recouvrir le sol d’un paillage épais.
4. Solution moins naturelle, il est possible de recouvrir la parcelle d’une bâche plastique ou de cartons non imprimés.